mercredi 27 juillet 2011

Aspen Valley Wildlife Sanctuary : bilan et pensées


"Une affirmation se propage : l'être humain est un membre de la communauté du vivant et il est de sa responsabilité de la respecter et de la faire respecter.
Jean-Claude Hubert, biocentriste. Les temps biologiques (extrait)

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Imaginez un sanctuaire au milieu d’une forêt canadienne faite de granit, de pins et de feuillus (érables, cédars…), en plein Muskoka, accessible par un chemin de traverse caillouteux. Imaginez un lieu de tranquilité et de paix pour les animaux, à 40 min de la biosphère de Gorgian Bay avec son parc provincial et ses 30 000 iles et à 1h30 du parc Algonquin, célèbre pour ses couleurs d’automne.
J’ai eu la chance d’être là pendant un mois…




Rare sont pourtant les évènements d’une  vie qui se rapprochent d’un moment de bonheur partagé et indescriptible. Trop précieux pour se laisser éparpiller, il se fait jalousement discret…

A vrai dire, en 6 ans de volontariat, c’est la première fois que je suis aussi partagée entre mes mauvaises et bonnes expériences. La cohésion avec l'équipe de volontaires de façon générale ne s'est jamais vraiment faite. Manque de convergences ou différences parfois abyssales d'etat d'esprit et d'univers.


Artisan Market, Port Carling.
En revanche au niveau de l'AVWS team, je remercie Julia, Manager d’Aspen Valley qui se donne à fond pour la bonne marche de ce lieu et pour l’accueil des volontaires. Grâce à elle, j’ai pu acquérir cette expérience précieuse de pouvoir être au Artisan Market de Port Carling. En langue anglaise, j’ai aidé Marilyn Cole, Administratrice, à vendre les produits artisanaux d’Aspen Valley et faire la promotion des activités et des objectifs du sanctuaire.


Paul, l'un de nos hôtes permanents, est un raccoon un peu boule, résultat de cohabitation avec des humains et d'un échec de réhabilitation. Il m'a aidé à expliquer et faire comprendre au public pourquoi les animaux sauvages doivent rester sauvages. Après 2 heures, notre pauvre Paul, un peu stressé par cette situation nouvelle a été remis dans son autre cage provisoire, au calme...

Je remercie également Brenda et Janelene Kingshott qui font un travail quotidien formidable auprès des animaux. Merci à Brenda et Julia de m’avoir permis de finir mon volontariat en beauté en accueillant les visiteurs au sein du sanctuaire en tentant d’expliquer, avec l’aide de Paul, notre raccoon ambassadeur, pourquoi les animaux sauvages ne font pas de bons animaux domestiques et doivent rester sauvages.

Paul, 8 ans, très attachant, ayant préféré le confort gloutonesque auprès des humains plutôt que la liberté certes difficile, de la vie sauvage, à l'instar de son frère et de sa soeur qui ont eu une réhabilitation réussie.
Grâce à Luna, à Amarook, à Mkom, aux Artics Sisters, à Mama Bear et à mes autres rencontres avec ses congénères , mon soutien pour les loups et les ours s’est renforcé et est devenue indéfectible. Ces animaux sont injustement incompris par des hommes aveuglés par leurs croyances, leurs ignorances ou leurs indifférences, leurs lâchetés ou leurs intérêts à courts termes.

La belle Luna, qui m'a fait l'honneur de contacts et de joies à chaque  fois que je venais la voir...
Malgré qu'elle est louve et donc imprévisible...
Toujours Luna, à défaut d'avoir pu prendre des photos correctes
des autres loups trop craintifs et préférant l'observation des hommes en restant loin des regards...
Black bears en cours de réhabilitation, à l'abri des regards.  Le relâchage était pour très bientôt au moment de la photo ce  qui signifie pour eux, une sorte de courte période d’acclimatisation avec la présence d'un ou deux humains afin de faciliter certaines démarches dont l'administration d'un tranquilisant et le transport.
Rencontres animales magiques avec des ours et des biches sauvages. Dommage je n’ai pas pu prendre de photos des ours exceptés ceux en cours de réhabilitation et je n’ai croisé la route d’aucun cerf ou élan (moose)… Je n’ai pas non plus eu cette chance avec les loups sauvages qui sont parti se réfugier, il y a bien longtemps (un lointain tout relatif et mystérieux), davantage vers le nord, dans les terres moins occupées par les hommes.
Ils sont encore entre 52000 et 60000 dans le Canada (chiffre de 2010), comparé aux ridicules 168 en France (chiffre de 2010) qui inquiètent pourtant la FDSA voulant casser du loup, aveuglée par sa mentalité anthropocentriste et ses intérêts économiques qui vont de pair.

Lucky, l'un des animaux permanents du sanctuaire.
Son histoire comme celles des autres est sur le site de l'AVWS. Personne très imprégnée de l'humain, je n'ai pas eu beaucoup de peine à l'approcher ;-)
Rencontre sauvage...
Idem pour l’ours, où malgré la forte motivation d’associations de sauvegarde de l’ours dans les pyrénées, la situation est devenue pire car la souche pyrénéenne est tout bonnement anéantie… Le dernier  survivant étant d’origine hongroise. Certains ne veulent plus d’ours dans les Pyrénées et s’appliquent à le faire savoir. Ils veulent juste des touristes, des éleveurs et leurs animaux, beaucoup de « gibier » pour les chasseurs… Triste situation où l’équilibre écologique n’existe plus…
Il existe un certain niveau de protection de cet animal, bien plus fort et efficace au Canada (malgré les nombreuses victimes de la chasse). Aspen Valley est d’ailleurs le plus grand centre de réhabilitation du de l’ours brun où chaque année, entre 10 et 50 ours sont relâchés à l’âge de deux ans, âge de l’autonomie.

« Black bear cubs become orphaned for many reasons. Aspen Valley raises between 10-50 bear cubs each year. All cubs are born in January or early February. They would stay with the mother until the age of 2. All the cubs rehabilitated at Aspen Valley are released at the age of 2 to start their life in the wild.”

Au Kindergarden...
Petit rappel à ce propos : Qu’est-ce que l’Aspen Valley Wildlife Sanctuary ?

Ce sanctuaire a été fondée par Audrey Tournay dans les années 70, un peu par hasard, et a pour objectif de réhabiliter la vie sauvage blessée ou orpheline à cause de l’intervention humaine. Elle est officiellement licenciée par le ministère des ressources naturelles et a donc des règles strictes à suivre mais ne touche pas pour autant une quelconque  aide financière de sa part, le sanctuaire vivant grâce aux dons, aux ventes de ses produits et au volontariat. L’autre objectif est d’éduquer le public pour une meilleure compréhension de la faune locale et accueille également des animaux dont leur présence ici est le résultat de mauvaises rencontres humaines (accidents, détentions illégales en tant qu’animaux domestiques, ou détention d’animaux exotiques en l’absence de protection juridique, passés douloureux…). Aspen Valley leur a offert une possibilité de vivre enfin en paix en répondant au mieux à leurs besoins psychologiques et physiologiques…  

Les gants : c'est pour les raccoons agressifs... Un des petits qui ne voulait pas boire la formula
et qui était malade si je me souviens bien. Ils étaient tellement nombreux à un moment ^^".
Les animaux pris en charge à Aspen Valley : gray, black and red squirels, raccoons, coyotes, black bears, deers, beavers, skunks, owls, others birds (but move of place quickly, Aspen Valley don’t have the license for keeping the birds).

Amount of food, Kindergarden.
The permanent animals : Subira the lioness, 4 wolfes, mama bear, Petunia the skunk, Paul the raccoon, Banshee the European lynx, Gandalf and Elly the owls, Lucky the deer.

Repos bien mérité. A noter que le sanctuaire réhabilite
plus d'une centaine de raccoons chaque année. 
L’ours brun donc… Intelligents et craintifs tout en sachant ce qu’ils veulent … Après tout dépend du caractère de chacun bien évidemment. Inoffensifs si le randonneur averti suit quelques règles de cohabitation et de respect de la vie animale : restant sur les espaces réservés aux randonneurs, il laissera toujours à l’ours  la possibilité de fuir son observateur et restera attentif à ne pas se trouver entre une mère et ses petits. Mettez-vous à sa place : elle ne sait pas qui vous êtes et représentez pour elle un potentiel danger pour ses petits. Mais cette situation, à mon humble avis, arrive extrêmement rarement.

Une de mes rencontres au fil de mon volontariat.
Intelligents je disais donc… Il faut savoir vivre avec ces boules de poils brunes, ce qui veut dire, savoir s’adapter et souvent être imaginatifs pour pouvoir cohabiter le plus pacifiquement possible avec eux.
Concrètement, nous devions, au sanctuaire, trouver un moyen d’empêcher un ours d’accéder à Raccoon City la nuit venue, de défoncer  la porte des cages et donc de libérer les ratons laveurs en cours de réhabilitation, tout ceci afin de récupérer la nourriture laissée par nos soins. Les ours ont un sens olfactif très développé.
Après la vaine mise en place de clôtures électriques, puis, de barbelés, nous avions enfin compris que l’ours grimpait aux arbres et que nos installations ne servaient pas à grand-chose… Nous avions pris la décision temporaire d’enlever la nourriture des raccoons chaque soir, tandis que l’on surprit l’ours une fois à s’y mettre pendant la journée… Intelligents vous disais-je.
Jock, l’un des membres du sanctuaire (à multiples compétences et d'une réelle gentillesse) installera (ou l’a probablement déjà fait au moment où je publie cette page) des panneaux fins en tôle autour des arbres pour l’empêcher de grimper. Je ne serai pas là pour voir les résultats qui j’espère seront positifs.

Je n’ai jamais dit que c’était facile de vivre avec d’autres animaux sauvages, dont les prédateurs, mais ça s’apprend. Cohabiter avec la faune sauvage dont tous ces animaux injustement incompris et considérés (comme ceux appelés « nuisibles », ou les prédateurs), demande oui, une certaine adaptation et flexibilité. Ceci est certainement plus difficile que de les tuer pour s’en débarrasser. Je pense que l’être humain doit surtout prendre ses responsabilités et mûrir. Cette responsabilité nous incombe de part notre supériorité d’une certaine manière puisque nous sommes l’espèce avec le plus fort impact sur notre planète (d'ailleurs de plus en plus de scientifiques n'hésitent plus à dire que nous sommes entrés dans l'ère de l'anthropocène et que nous avons entamé la 6ème extinction de masse. (source : National Geographic, March 2011)), et cette supériorité ne devrait plus servir à détruire et asservir mais à protéger… Et c’est juste une question vitale et de bon sens… Mais le bon sens ne va pas de pair avec les intérêts économiques actuels.

Au bout du compte, cette expérience a été enrichissante. En tant que volontaire, nous n’avions pas la possibilité de nous investir trop loin, l’accès à certains animaux en cours de réhabilitation nous étant interdit (bears and deers, sauf exceptions) et personnellement j’ai tout appris seule, au fur et à mesure, (peut-être un peu trop d’où mes frustrations : 4 semaines passent très vite et trouver sa place se fait progressivement…) en observant les autres, en posant des questions et en lisant les différents classeurs mis à ma disposition. Le travail ici consistait à 80% au nettoyage des cages et des enclos, à l’entretien du site mais également : planifier, nourrir, soigner, réparer, accueillir les visiteurs, promouvoir le sanctuaire… Cela m’a également permis d’apprendre et d’évoluer sur certains points, notamment concernant la problématique des animaux en captivité, de leur nutrition, et des zoos qui restent pour certains, à mes yeux respectables dans la mesure où les zookeepers réfléchissent constamment à l’amélioration des conditions en captivité des animaux et de l’enrichissement de leur environnement et où leurs objectifs principaux sont : le bien-être animal, l’éducation du public et la conservation des espèces en danger. Cela ne marche pas toujours, mais ces quelques zoos ont leurs succès dans ce domaine. Malheureusement ils ne sont pas majoritaires dans cette éthique et au fond je doute de la réelle efficacité de cette éducation, aussi louable soit cette mission… Etant sceptique sur la nature humaine et ses préoccupations quotidiennes…

Je préfère néanmoins l’approche des sanctuaires et je rêve toujours de cette transition vers une société moins anthropocentriste et moins spéciste…  Monde utopique mais en construction, dans cette guerre déclarée (réelle pour ceux qui en douteraient…) entre les opposants à la protection animale qui se noient dans leurs amalgames , leurs mensonges et leurs propagandes et les partisans d’une autre relation aux animaux non-humains, d’une autre société, plus mûre, plus évoluée, plus responsable.


(Un maximum de photos dès que possible, probablement en 2 ou 3 parties + photos de la fête de la St-Jean que je voulais mettre depuis fort longtemps, donc ce sera version flash back... Mauvaises connection et manque de temps obligent...)

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